Pour ma première virée en bus, je fus rapidement cramponnée au siège, surprise par la vitesse avec laquelle le chauffeur négociait ces virages serrés. Je riais autant que je commençais à me sentir brassée. Tel fut le soulagement lorsque je mis pied à terre.

Teror honorait dignement sa réputation. Succinte mais délicatement décorée. Déambuler en son centre remplissait d’une sérénité douce.
Encadré d’une éducatrice sportive improvisée, sa blouse blanche trahissant sa profession, un groupe de personnes âgées s’attelait à son réveil musculaire, tandis que la température s’élevait progressivement sur les pavés de la ville.

Je ne m’attardai pas, souhaitant rejoindre Firgas, surnommée la « Villa de Agua » de par ses nombreuses sources, située à seulement 10 km. Je mis le cap sur le rivage septentrional.

Pour ce faire, j’empruntai des chemins parfaitement entretenus d’un orange terreux ardent. Des paysans heureux labouraient le sol riche pour les prochaines cultures. Cette teinte entre terre et feu m’évoqua les pistes africaines de la savane indomptée, celles qui, par le passé, avaient allumé un désir brûlant de m’adonner à une vie plus primitive.

Je passai le Pico El Rayo avant d’ascensionner le Pico de Osorio.
Grimpant concentrée en pleine pente raide de cette colline accessible, je fus frappée d’étonnement lorsque Sexion d’Assaut, se mit à chanter haut et fort « Je reste debout ». Bien que ces paroles porteuses de sens me donnaient du courage, je dévérouillai mon portable nerveusement. Je restai dubitative en découvrant mon téléphone en mode avion sans aucune application ouverte exceptée Strava.

Je pris cette concordance de circonstances comme un message de soutien envoyé de mes guides me guettant avec attention des cieux.
De son sommet, la vue sur le bord côtier nord était spectaculaire ainsi que sur Las Palmas, capitale d’un bon million d’habitants en son aire.

Je trouvai une « taberna » conviviale pour me restaurer juste en bordure de la Fuente Commemorativa.
Cette splendide fontaine érigée pour les 500 ans de Firgas était délimitée de bancs ornés de carreaux céramiques dessinant le blason unique de chacune des vingt et une municipalités de l’île.

Par un choix un peu hasardeux, je reçu pour plat de résistance, une soupe de légumes verts. Bien qu’exquise et provisoirement rassasiante, j’ignorais l’austérité du parcours à venir.
Allais-je rester debout ?